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Sur le devant de la scÚne depuis quelques années, l'apiculture urbaine s'invite dans les plus grandes villes du monde entier. Ces ruches citadines ont vocation à abriter les abeilles pour mieux sauvegarder leur espÚce, toujours menacée. Mais une question se pose : les abeilles se sentent-elles bien en ville ? On vous explique !
Les abeilles dans nos villes
EmblĂšme de la protection de la biodiversitĂ© animale, l'apiculture urbaine a le vent en poupe depuis quelques annĂ©es. Dans les villes françaises, le nombre de ruches ne cesse d'augmenter, colonisant entre autres les toits des bĂątiments urbains. Dans la capitale, on n'en compte pas moins de 2000 dâaprĂšs le dernier recensement de la PrĂ©fecture de Paris. Au premier coup dâĆil, on peut penser que la ville n'offre pas un environnement trĂšs favorable pour les abeilles. Mais lorsquâon y regarde de plus prĂšs, on sâaperçoit que c'est une alternative sĂ©duisante qui permet de rĂ©duire le taux de mortalitĂ© des colonies dâabeilles.
La ville, un réservoir de biodiversité pour les abeilles
1/ Les zones urbaines et périurbaines bourdonnent de variétés de fleurs. Leur floraison, étalée sur toute l'année, offre ainsi des ressources alimentaires multiples et constantes pour les abeilles. A l'inverse, les champs agricoles et les monocultures, que l'on retrouve en zone rurale, ont de véritables déserts alimentaires pour les abeilles lorsque la floraison est passée.
2/ Les pesticides ainsi que les produits phytosanitaires sont interdits en ville. Depuis le 1er janvier 2017, la loi LabbĂ© dite loi « ZĂ©ro phyto » interdit l'utilisation des produits phytosanitaires aux collectivitĂ©s et professionnels pour l'entretien de l'ensemble de leurs espaces verts, permettant aux abeilles de butiner sans craindre lâempoisonnement. â 3/ Enfin, les villes ont une tempĂ©rature plus Ă©levĂ©e de 1 Ă 2 degrĂ©s ce qui favorise le dĂ©veloppement de lâabeille, et surtout leur permettent de moins souffrir du froid de lâhiver. â Une Ă©tude menĂ©e par Laura Fortel, doctorante dans lâĂ©quipe « Abeilles et environnement » (UR406, Inra), a analysĂ© la diversitĂ© et lâabondance des abeilles le long d'une ligne traversant des zones de densitĂ© urbaine croissante dans la rĂ©gion du Grand Lyon (69, France). Les rĂ©sultats montrent que la quantitĂ© dâabeilles atteint son maximum lorsque la densitĂ© urbaine (rapport entre espace construit et espace nu) est comprise entre 50 et 70%, les abeilles sont plus nombreuses. Ces zones quâon assimile gĂ©nĂ©ralement aux zones pĂ©riurbaines « ont lâavantage de tout coupler : parterres de fleurs, sol nu, jardins, dĂ©chets verts. », explique Laura Fortel. La ville prĂ©sente, quant Ă elle, bien moins de sol nu mais reste un environnement privilĂ©giĂ© pour les abeilles en comparaison aux espaces agricoles ou semi-naturels. Et la pollution en ville dans tout ça ?
Lâabeille agit comme un vĂ©ritable filtre Ă pollution. Des analyses sont rĂ©guliĂšrement effectuĂ©es sur les miels parisiens et Ă ce jour, seulement de faibles traces de polluants ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©es dans la cire ou dans le miel. Ces traces sont Ă des niveaux bien en deçà des minimums prĂ©vus par la lĂ©gislation et ne constituent pas un risque pour lâhomme et pour lâabeille.
Une Ă©tude rĂ©alisĂ©e par Air RhĂŽne-Alpes dans le cadre du plan rĂ©gional santĂ© et environnement a tentĂ© de trouver une corrĂ©lation entre la pollution atmosphĂ©rique et les dysfonctionnements parfois observĂ©s sur des colonies dâabeilles ⊠sans succĂšs. Par manque dâĂ©tudes scientifiques sur le sujet, il nâest pas possible de conclure avec certitude que la pollution nâaffecte pas la santĂ© des abeilles, ni la qualitĂ© du miel. Cependant la diminution de 15% du taux de mortalitĂ© des abeilles en ville comparĂ© Ă celui de la campagne montre que lâabeille se sent mieux en ville. Des ruches Ă lâinfini ?
Lâinstallation de ruches en zone urbanisĂ©e ne doit pas se faire de façon irrĂ©flĂ©chie. La ville offre un environnement agrĂ©able pour les abeilles mais les ressources y sont limitĂ©es. On compte officiellement 2000 ruches sur les toits de Paris, officieusement sĂ»rement plus...
Le travail de thĂšse de LĂ©a Lugassy, du Centre dâĂ©cologie et des sciences de la conservation (Cesco) Ă Paris semble montrer que la capitale française a dĂ©jĂ atteint son maximum de ruches. En effet la production de miel par ruche est de plus plus faible⊠Alors pour contribuer efficacement Ă la protection de lâabeille en zone urbanisĂ©e et pour leur permettre de produire plus de bon miel, privilĂ©giez la vĂ©gĂ©talisation de votre environnement ! Et Ă ce propos, il existe des dizaines et des dizaines de fleurs mellifĂšres Ă planter pour nos amis les abeilles ? ! Alors Ă vos pelles et Ă vos rĂąteaux.
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