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L’hiver approche, que deviennent les abeilles et comment les aider ?

Connaissez-vous le dicton « En décembre, journée courte, longue nuit ; l’abeille se tait, le jonc gémit » ?
​En effet, à la fin de la floraison, lorsque les jours raccourcissent et rafraîchissent, l’activité se réduit au niveau des planches d’envol.

Mais alors que se passe-t-il dans la ruche pendant la période froide de l’hiver ?

Pendant cette saison, la ruche compte encore quelques 20 000 membres. Les faux-bourdons restants (les mâles de la ruche) ont été expulsés car devenus inutiles.
Restent donc les abeilles dites d’hiver (capables de vivre plus de 6 mois), un peu de couvain ainsi que la Reine. Il n’y a plus ou peu de ponte. Les butineuses ont rapporté de la propolis pour boucher les trous et mieux isoler la ruche. L’essaim se regroupe sous forme de grappe : il fait jusqu’à 30°C en son cœur ! C’est là que l’on trouvera la Reine frileuse.
Le manteau extérieur de la grappe descend à 10°C : les abeilles circulent et s’alternent pour partager la chaleur. Elles font vibrer leurs ailes pour contracter leurs muscles et dégager de la chaleur. Elles se relaient pour maintenir la température. C’est grâce au miel stocké dans les alvéoles qu’elles trouvent l’énergie nécessaire au maintien de cette activité. Encore une fois, il s’agit d’un travail d’équipe, car pour se nourrir, elles se donnent la becquée.

 

Il n’y a pas de source nectarifère en hiver, ou très peu. En cas de réchauffement durant quelques jours, les abeilles domestiques (qui vivent en colonie dans les ruches) sortent à nouveau mais elles ne reconstituent pas leurs réserves. Et c’est à l’extérieur de la ruche qu’elles vont courageusement faire leurs besoins, on parle du « vol de propreté ». On ne trouvera donc pas d’excréments à l’intérieur de la ruche. Respect !

 

Et les apiculteurs, que font-ils pour leurs ruches pendant l’hivernage ?

Mais en fait, qu’est-ce que l’hivernage ?
Définition : l’hivernage c’est une période d’activité ralentie durant la saison hivernale.

 

En hiver, l’apiculteur évite d’ouvrir la ruche (en-deçà de 16°C ce n’est pas recommandé) ou de déplacer la colonie.
Voici la To Do liste de l’apiculteur pendant ses visites pré-hivernales, programmées en septembre-octobre :

  • mettre les traitements (anti-varroa ou autres, certains apiculteurs utilisent des bandelettes en carton/plastique, d’autre des huiles essentielles). Pour éviter que des intrus en quête de nourriture et de chaleur pénètrent dans la ruche, l’apiculteur installe des grilles ou des planchettes à l’entrée de la ruche,
  • vérifier que la colonie se porte bien : la Reine est présente, les abeilles sont en bonne santé et les cadres comportent du couvain, du pollen et des réserves. Mais ces réserves de miel sont-elles suffisantes pour passer l’hiver sans encombre ?… 15-20 kg sont nécessaires en fonction de la taille de la colonie. Les petites colonies consomment davantage que les grandes car les abeilles y usent leur métabolisme plus vite. L’apiculteur complète avec du candi si besoin, disposé dans un nourrisseur placé généralement dans une hausse vide sous le toit.
  • enlever les cadres non construits et ceux qui n’ont pas de stock de nourriture, regrouper les cadres restants sur un côté du corps de ruche (celui qui sera exposé au soleil) et placer des partitions (cadres en polystyrène extrudé ou en bois) pour réduire le volume de la ruche. Si la colonie est trop petite, elle est passée en ruchette : un minimum d’espace vide pour un maximum de chaleur !  Lorsque la Reine est absente ou la colonie trop faible, la réunion de colonies en bonne santé est envisageable.
  • enfin l’apiculteur choisit si possible une exposition sud/sud-est pour les ruches, abritée du vent. Eventuellement il surélève les ruches pour les isoler du sol. La ruche doit être bien lestée pour résister aux vents et aux tempêtes. Un isolant peut être installé sous le toit, il aidera au maintien de la chaleur et permettra également de réduire le bruit occasionné par la grêle ou la pluie.

Et au cœur de l’hiver, entre novembre et février :

  • s’il souhaite contrôler l’état de la ruche et des réserves de nourriture sans l’ouvrir, l’apiculteur peut écouter la ruche, en collant son oreille sur une des parois. S’il entend le vrombissement des abeilles, la colonie va bien. Si le bruit est léger et que la ruche semble légère, il pourra alors remettre du candi.
  • il vérifie que l’entrée de la ruche est dégagée : les pertes naturelles de l’hiver peuvent entraîner l’accumulation de corps bloquant l’entrée, car les ouvrières fossoyeuses ne sont pas aussi efficaces en hiver ! En cas de grosse intempérie de neige, l’entrée peut également être obstruée.

Rien de plus avant les visites de printemps à l’arrivée des beaux jours !

Vous aussi vous voulez aider les abeilles à passer l’hiver ?

Certaines abeilles ne vivent pas en colonie. On parle des abeilles « solitaires », ayant pour la majorité un mode de vie… solitaire, non négligeable, bien au contraire, car elles représenteraient 80% de la population totale des abeilles. L’hiver, elles cherchent un abri naturel pour s’en faire un petit nid douillet où hiberner : leur métabolisme est complètement ralenti et elles se réveilleront avec les premières chaleurs du printemps.

 

Ces abeilles solitaires ont de plus en plus de mal à trouver des abris naturels. Vous pouvez les aider en leur proposant un nid dans votre jardin qu’elles adopteront très rapidement ! Vous pouvez en trouver en jardinerie, ou en fabriquer un tout simplement avec une bûche. Les 3 étapes de fabrication de votre nichoir sont décrites ici. Vous pouvez également utiliser un morceau de tuyau et des bouts de bambou de même longueur, un tutoriel est disponible ici. Suspendez votre petite maison près d’un mur ensoleillé exposé au sud ou au sud-est, à au moins 1m du sol et sans végétation qui bouche l’entrée.

Savez-vous qu’il existe même des hôtels à abeilles sauvages et autres insectes ? Ceux de l’ONF ont été construits pour leur offrir un logement tout en facilitant l’étude de leur mode de vie.

© Jean-Marc Poiré / ONF

 

Un autre moyen d’aider les abeilles, c’est de savoir quelles plantes leur plaisent. Par exemple, laissez pousser du lierre, c’est une des dernières plantes à fleurir avant l’hiver, permettant aux abeilles de compléter leurs provisions.
​Les hellébores s’épanouissent aussi en hiver. Les chatons du saule surviennent ensuite et sont adorés des abeilles.


Voilà un bon petit coup de pouce pour les butineuses courageuses !